L'Europe veut faire de la Tunisie un ''Guantanamo pour les migrants''
Romdhane Ben Amor, porte-parole du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), a souligné dans du Midi Show de ce mardi 9 avril 2024, une diminution temporaire du nombre de migrants arrivés sur les côtes italiennes, au cours du mois de mars. Il a précisé que cette baisse était provisoire et attribuée à des facteurs naturels propres au mois de mars.
Il a révélé qu'au cours de la première semaine d'avril, 317 migrants tunisiens étaient arrivés en Italie et que la Garde nationale avait empêché près de 6 000 autres d'atteindre l'Italie. Outre deux cents personnes portées disparues, au large des côtes tunisiennes et 26 décès enregistrés, selon l'intervenant.
Ben Amor a, également, annoncé que la Première ministre italienne était attendue en Tunisie, pour discuter de la question de la migration, avec l'objectif de mettre en place des centres de rétention pour les migrants en Tunisie, similaires à ceux en Italie.
Il a ajouté : "La Tunisie avait précédemment refusé de créer ces centres, mais nous pensons que les autorités tunisiennes pourraient céder aux pressions italiennes."
Par ailleurs, Ben Amor a révélé que pour surveiller les frontières, la Tunisie avait obtenu plus de 12 millions d'euros du Fonds africain de soutien technique, 20 du Fonds de crédit de l'Union européenne pour l'Afrique et 27 du Fonds de compensation du ministère italien des Affaires étrangères, pour la gestion des flux migratoires.
En outre, 4,8 millions d'euros ont été alloués par l'Italie pour la rénovation de six navires fournis aux Garde-côtes tunisiens ainsi que 9 millions d'euros pour le carburant, selon des informations provenant de sources italiennes, obtenues par l'observatoire.
"Depuis des années, l'Europe tente de faire de la Tunisie un point de tri et de rétention des migrants. La mauvaise gestion de la crise migratoire a poussé la Tunisie à adopter des pratiques inhumaines envers les migrants, ce qui a affecté ses relations avec les pays africains où se trouvent nos expatriés qui sont des acteurs économiques", a déclaré l'invité du Midi Show.
"L'Europe a réussi à déplacer la crise migratoire de Lampedusa vers la Tunisie et il est désormais essentiel que la Tunisie demande à l'Union européenne d'assumer sa responsabilité dans la crise qu'elle a engendrée, en plus de demander la création de voies de déplacement sûres. Sans cela, elle risque de devenir un Guantanamo pour les migrants", a encore indiqué Ben Amor.